Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Travisisdead
Travisisdead
Publicité
1 décembre 2005

Collision

sans_titre16

Réalisé par Paul Haggis
Avec Sandra Bullock, Don Cheadle, Matt Dillon
USA - 2004 - 1h45

Deux voleurs de voitures. Un serrurier mexicain. Deux inspecteurs de police qui sont aussi amants. Une femme au foyer et son mari, District Attorney. Tous vivent à Los Angeles. Eux et beaucoup d'autres ne se connaissent pas, leurs vies n'auraient jamais dû se croiser.
Pourtant, dans les prochaines 36 heures, leurs destins vont se rencontrer, révélant ce que chacun voulait cacher ou ne pas voir...

Premier (?) film de Paul Haggis, scénariste adulé par le petit monde du cinéma depuis "Million dollars baby", il n'en ai pas moins non anodin et je peux affirmer qu'il faudra à présent suivre de très près la carrière de ce bon monsieur.
On peut vulgariser rapidement le pitch et dire que le tout parle de racisme, il est vrai que c'est le thème principal du film, mais ce serait bête de le décrire, enfin de généraliser plutôt, sans approfondir la chose.

Certes, Haggis a voulu faire un film dénonciateur d'une Amérique post 11 septembre dont les différentes cultures ethniques ont du mal à coexister, mais au delà de ce message un peu simplet il nous livre ici un film mélancolique, où personne ne ressort totalement propre. Pour lui tout ce racisme ambiant est un cercle vicieux sans fin (cf. le plan et la chanson finale du film), qui est causé par un tout et non pas seulement à cause d'une mentalité générale. C'est d'ailleurs là que le film peut paraître parfois limite pouvant provoquer un débat houleux car il essaie d'expliquer ce racisme avec des révélations de tranches de vie (avec entre autre la vie privée de Ryan, un flic magnifiquement interprété par un grand Matt Dillon).

Ainsi, le cinéaste nous met même à l'épreuve en quelques sortes en nous prenant à contre pied, il nous montre qu'il ne faut pas croire en nos préjugés car la plupart des personnages se rachètent ou bien nous déçoivent suivant leurs premières apparitions.
Et c'est là que son message devient intéressant: ce sont les préjugés qui font que nos sociétés pourrissent lentement vers ce racisme ambiant qui dégénère vers une isolation de tous.
Je tiens d'ailleurs à rajouter que les personnes critiquant son film à cause du fait qu'il ait choisi de mettre de nombreuses caricatures ethniques n'ont rien compris au film: Haggis joue de ces préjugés ici.
Un très bon scénario en bref, sachant en plus que l'écriture d'un film choral, avec des personnes n'ayant aucuns liens qui se croisent au fur et à mesure de l'histoire, est très difficile!

Niveau réalisation c'est du tout bon, même si la comparaison avec "Million dollars baby" m'est souvent venu à l'esprit (pour l'ambiance crépusculaire, mais aussi pour son scénario plutôt riche en émotion, malgré le fait que ici Haggis a tendance à un peu trop abuser de "l'effet larmoyant"), on ne peut que constater que le résultat est plus que convaincant. Le film possède une ambiance unique nous dévoilant un Los Angeles sous tension. De plus la nervosité de certains plans additionnés parfois d'une image granuleuse rendent l'oeuvre souvent encore plus crédible.

A noter 4 scène de toute bôôôté: la première intervention de Matt Dillon sur le couple de "star" (haute en tension d'ailleurs), le sauvetage de Matt Dillon lors de l'accident, le coup de révolver de l'épicier face au serrurier mexicain et surtout la scène où Hansen (Ryan Phillippe) prend en stop un des deux braqueurs de voitures.
Rien que ces quatre scènes valent le coup d'oeil.

Le casting est impressionnant d'iconoclasme et s'en sort d'ailleurs avec les honneurs. C'en est même surprenant que le film ait réussi à se faire avec seulement 7 millions de dollars (prenez en de la graine Messieurs d'Hollywood!).
La musique quant à elle, signée Mark Isham, correspond parfaitement au ton du film et surtout se fait très imposante lors des scènes clefs (tournée au ralentie). On pourrait un peu la comparer à la musique des "Chemical Brothers" pour la pub de Air France (vous savez celle où a la fin l'avion remplace le diamant du tourne disque).

En conclusion, un bon film qui me fait penser que finalement il reste du bon aux USA et que l'on est pas obligé de faire un film classique si on est américain, ni d'avoir une morale parfaite (le message est finalement très sombre pour ne pas dire irréversible et dépressif).
Un film à mettre à part avec d'autre du genre "21 grams" ou bien "Brazil" pour leur intelligence et leur originalité.
Mais une question subsiste toujours en moi: Comment est-ce possible que le même Paul Haggis soit l'un des créateurs de la série honteuse qu'est "Walker, Texas ranger"? (Bon même si j'ai lu quelque part qu'il était l'un des scénaristes les plus originaux et qui oeuvrait dans différents styles totalement opposés, je pense qu'il y a des limites à ne pas franchir!)

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité