After hours

Réalisé par Martin Scorsese
Avec Griffin Dunne, Rosanna Arquette, Verna Bloom
USA - 1985 - 1h35

Paul Hackett, un informaticien, rencontre la jolie Marcy. Elle l'invite à passer chez elle, dans l'appartement qu'elle partage avec une amie artiste. À partir du moment où commence cette visite, Paul va vivre un véritable cauchemar, une nuit épouvantable faite de rencontres étranges et de quiproquos comme on aimerait les éviter...

Film hybride du plus grand réalisateur de tous les temps, cet "After hours" est sûrement l'oeuvre la plus difficile à cataloguer. On pourrait injustement la mettre à côté des oeuvres dites "mineurs" du grand Scorsese mais cela tiendrait du crime. Certes ce n'est pas un "Casino", "Taxi driver" ou "Raging bull", mais l'étrangeté de l'objet est tellement fascinante que l'on peut le considérer au minimum comme un film culte.

Film fantastique sans le moindre élément surréaliste, film comique sans le moindre gag explicite, "After hours" est innovent sur tous les points. Le scénario emmène le spectateur dans le périple d'une nuit mouvementée avec pour personnage principal un simple type qui a envie de sortir un peu de son trintrin. Et tout s'emballe. Le bonhomme fait diverses rencontres avec des personnes semblant voulant l'aider mais qui finalement se retourneront contre lui (volontairement ou non). On a droit un bon nombre de portraits féminins plus tarées les unes que les autres.

Le film étant d'une durée plutôt courte et le scénario ne se fixant que sur une seule nuit, on ne s'ennuie pas une seule seconde de voir notre cher Paul se faire malmener à la suite de ces nombreux malentendus. Le rythme est alterné par des scènes rapides dans les rues nocturnes de Soho, puis la caméra se pose à chaque interlude chez un des protagonistes.

Scorsese nous prouve toujours ses talents et comme à son habitudes nous sert même quelques plans de toute beauté (plan d'ouverture et générique de fin, mais aussi certaines scènes nocturnes). Il fait d'ailleurs la rencontre de Michael Ballhaus, dont la photographie fait magnifiquement ressortir le côté lugubre des rues New-yorkaises, qui sera l'un de ses directeurs de la photographie favoris ("La Dernière tentation du Christ", "Les Affranchis", "Gangs of New York"...).
A nouveau ici, Scorsese laisse une place importante à la musique, alternant le score sympathique (quoique un peu vieilli) de Howard Shore (grand compositeur devant l'éternel),musique issue de la culture populaire comme les aime le réalisateur d'origine italo américaine (avec notamment une scène hilarante sur les "Monkees"), mais aussi de la pure musique classique (Mozart et Bach en l'occurrence) ce qui rappelle l'ouverture de "Casino".

On peut par ailleurs considéré ce film comme étant le second volet de la trilogie scorsésienne sur l'enfer de la nuit dans les grandes villes américaines et surtout dans ses bafonds. Le premier volet étant le monstrueux "Taxi Driver" (1976) et le dernier "A tombeau ouvert" (1999). "After hours" pourrait ainsi se classer entre ces deux films, moins tendu que le premier mais plus fun que le second.

Il est vrai que le résultat à peut-être un peu mal supporté le poid des années passées et que le doublage français est très mauvais (je suis bien triste de ne pas pouvoir le voir en V.O...) avec surtout la voix fort irritante du personnage de Marcy (Rosanna Arquette) qui est exactement la même que celle de Sally (Nancy Allen) dans "Blow out" et qui plombait déjà le magnifique chefs d'oeuvre de De Palma. Ce doublage donne par ailleurs une sorte d'impression aux acteurs de sur jouer ce qui est fort gênant. Mais outre ce léger problème ce "After hours" est bel et bien digne de figurer au panthéon des nombreux chefs d'oeuvre de Martin Scorsese sans avoir à rougir de ses concurrents.

Et puis un film du grand Martin est toujours une leçon de cinéma, voir une grande claque dans la gueule.