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Travisisdead
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1 décembre 2005

Innocence

sans_titre28

Réalisé par Lucile Hadzihalilovic
Avec Zoé Auclair, Lea Bridarolli, Bérangère Haubruge
France - 2004 - 1h55

Quelque part, dans une forêt, une école. Là, isolées du monde, de très jeunes filles apprennent la danse et les sciences naturelles... Un ruban violet vient d'être lancé dans le grand monde. Il est donc temps de sortir un nouveau ruban jaune de son cercueil. Ce sera la petite Iris qui, comme le veut la tradition, sera placée sous la tutelle de Bianca, le nouveau ruban violet du groupe, qui lui apprendra les règles qui régissent l'établissement. Jeune et curieuse, la petite Iris veut pourtant très vite connaître tous les secrets de l'école qui lui restent cachés.

Voilà, je viens de voir sûrement le film auquel j'aurais le plus de mal à en parler. Chefs d'oeuvre onirique ou pur imposture? Le pire (ou le meilleur) que l'on aurait pu craindre de Lucile Hadzihalilovic aurait été qu'elle nous ponde un film trash dans la veine de son compagnon (Gaspard Noé). Et elle joue avec le spectateur par rapport à ce pressentiment. Tout le long des deux heures du film une tension palpable ne cesse de s'accentuer. On se pose des questions, on craint de voir se révéler devant nous une explication sale, répugnante. De ce côté là, la réalisatrice manipule avec une maîtrise remarquable le spectateur. C'est d'ailleurs le but de Lucile Hadzihalilovic qui grâce à cette oeuvre lunaire parvient tout de même à nous recracher en pleine figure nos pires pensées exécrables sans nous montrer la moindre chose.
C'est de la pure manipulation.

Le titre du film n'en est pas moins dénué de sens, bien au contraire, il est le thème principal. L'innocence de l'enfance, loin du monde perverti par les adultes et surtout des hommes. D'ailleurs on ne voit aucun visage masculin ici, ils sont tous caché par un jeu d'ombre (scène du théâtre) ou par le jet d'eau pour la scène finale. Le plus amusant est de repéré les nombreux symboles que la réalisateur a pris plaisirs à disperser: le cercueil qui représente une nouvelle vie pour chaque nouvelle arrivante, les 7 branches de l'étoile sur le même cercueil qui sont en adéquation avec les 7 couleurs des rubans, mais aussi qui représente l'humain complet (dixit un commentaire sur un forum je tiens à le préciser). Mais aussi les tenues des jeunes filles parfaitement blanches qui renvoie bien entendu à la pureté et donc à cette innocence.

Bref, ici, la compagne de Noé se détache du style cru de ce dernier mais n'en oublie pas mieux de garder son côté controversé et ambigu.
Elle a d'ailleurs aussi engagé Benoît Debie pour la photographie qui été déjà à ce poste pour "Irréversible", dans le récent mais complètement foireux "Calvaire" et qui oeuvrera dans le prochain (et très attendu) "Enfermé dehors" de Mr Dupontel. Et franchement, je commence à me dire que ce mec a un talent énorme, le film possède son propre univers en partie grâce à la photographie glacée mais au en couleur à la fois. Le tout est très proche de l'onirisme.

Mais attention ceci ne veut pas dire que Lucile Hadzihalilovic ne possède pas de personnalité artistique en tant que réalisatrice, bien au contraire! La femme pose souvent sa caméra avec des plans judicieux, souvent longs, rappellent parfois le cinéma asiatique, japonais et sud coréen notamment. La scène d'introduction (que l'on pourrait qualifier comme un sorte d'adaptation cinématographique de "Myst") fait pensé à "La jetée" de Chris Marker et on ne peut s'empêcher de comparer son générique du début à celui de "Irréversible" de Noé, dont le film est d'ailleurs dédié.
En clair, Hadzihalilovic n'est pas une réalisatrice à prendre à la légère, elle possède une vraie culture cinématographique mais aussi apporte une touche tendre et féminine à un cinéma d'auteur controversé et radical.

C'est pour cette raison par ailleurs que le film est très déstabilisant et quasiment injugeable. Il fait le voir, l'apprécier ou le détester, mais on ne peut l'interpréter je pense. Une très belle curiosité qui redonne un peu foi aux films français. Remarquons que la nouvelle génération de réalisateur est très prometteuse quand même.

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