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Travisisdead
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5 décembre 2005

Quand passent les cigognes

sans_titre35

Réalisé par Mikhail Kalatozov
Avec Alexei Batalov, Tatiana Samoilova, Alexander Chvorine
Russie - 1957 - 1h30

Deux jeunes Moscovites, Veronika et Boris, se destinent l'un a l'autre. La guerre déclarée, Boris, engage volontaire, part pour le front russe. La jeune fille n'ayant aucune nouvelles de son fiance épouse Mark, le cousin de Boris.

Bon, je n'ai pas tendance à pleurer devant un film, enfin du moins plus depuis mon premier visionnage de "E.T" en 1991 si mes souvenirs sont exacts, mais "Quand passent les cigognes" aurait pu me faire contredire si j'aurais plus de coeur. C'est tout simplement le plus beau film en terme artistique que j'ai pu voir depuis mes 21 ans d'existence. Jamais je n'aurais pensé pouvoir voir un film datant de 50 ans avec une telle maîtrise. La photographie est bluffante, les angles de caméra hallucinant d'audace pour l'époque.
La Russie communiste stalinienne prouve ici sa longueur d'avance sur l'age d'or du cinéma hollywoodien, pire elle l'écrase littéralement.

En effet, le scénario en lui même n'a rien d'extraordinaire: deux tourtereaux fous amoureux, la guerre éclate, lui s'engage pour défendre son pays, elle reste et se marie le cousin de l'engagé dans l'espoir tout de même que son amour revienne sain et sauf. Rien de super transcendant de ce côté. Mais Kalatozov nous prouve dans cette hymne pour sa patrie mais aussi à l'amour qu'avec une réalisation en béton on peut rendre un bon film en un chef d'oeuvre incontestable de lyrisme. Tous les sentiments passent ici grâce à l'image et non par l'histoire en fin de compte.

Dès la première séquence, fort naïve qui reflète d'ailleurs très bien les sentiments amoureux, on ne peut être que transcendé par la légèreté des mouvements de caméra, on s'extasie devant ce couple jeune et fougueux que rien ne semble pouvoir arrêter. Puis la guerre éclate, le réalisateur utilise des procédés plus adéquates surtout au niveau des jeux de lumières magnifiques qui surpassent même les meilleurs séquences des films de Hitchcock. C'est impressionnant. La mort de Boris est tout simplement l'une des plus belles séquence qu'il m'ait été donné de voir, on ne peut d'ailleurs s'empêcher de penser à du Kusturica sur cette séquence. En parlant de références, ça saute aux yeux qu'"Un long dimanche de fiançailles" a pioché deux ou trois idées dans le film de Kalatozov. En outre la trame de fond et quelques bribes scénaristique, la séquence où Veronika attend le facteur avec une sorte de manie/toc rappelle très fortement le personnage de Mathilde dans le long métrage de Jeunet.

Alors certes, les habitués des productions pour djeun's avec pour réalisateurs des types tout droit sortis de l'industrie clipesque signées MTV seront déçu et penseront que c'est un film pour vieux (rahhhh quand est-ce que le noir et blanc sera reconnu comme les deux plus belles couleurs pour un film!!). Mais pour remettre les pendules à l'heure je dirais juste que il y a 50 ans et plus de 20 ans avant "Raging Bull", Mikhail Kalatozov nous pondait un film avec énormément d'effets de style et de plans séquences encore inimaginables pour notre époque. C'est affolant, j'affirme même que Welles avec son "Citizen Kane" peut aller reprendre des leçons de cinéma.

Toutefois, il est vrai que le scénario tend à rendre le film un peu discutable. Ici il est question de patrie et d'amour, les deux ne sont pas forcément très en adéquation dans une Russie en plein régime communiste sous Staline. Et c'est bien cela le problème: la fin du film et surtout son dénouement et sa morale sont très limite, voir propagandistes. Mais l'expérience est tellement unique que cette idéologie ne froisse pas l'oeuvre.
Un film à voir absolument si on l'aime un tant soit peu le cinéma à sa juste valeur. Et dire que le meilleur film de ce réalisateur selon beaucoup d'internaute est "Soy Cuba", film qu'il a réalisé quelques années plus tard pour défendre la cause révolutionnaire cubaine et surtout Fidel Castro. Je n'ose même pas imaginer ma réaction lorsque j'aurais eu le plaisir de le visionner.

Alors merci à vous Camarade, malgré les connerie que vous aviez pu faire, il y subsiste tout de même du bon et même si c'est à cause de toi Kalatozov que Lelouche s'est lancé dans le cinéma, et bien mes respects je ne pensais pas qu'il était possible de faire ce genre d'oeuvre dans le 7ème art.

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